Maxtan

Les dangers insoupçonnés des pièces de monnaie « lisses »

imageIl y a quelques années, en cours d’économie – la matière était étudiée en option –  nous n’ accordions pas grande attention au professeur et à ses définitions.

En cours d’économie, dis-je, le professeur dont le nom s’est même égaré dans ma mémoire, demandait : « Qu’est-ce qu’une monnaie ? » la question m’a parue aussi inattendue que futile. Nous avons tenté tant bien que mal d’y répondre avant d’écouter distraitement la définition du professeur.

Mais il y a quelques jours, je m’en suis souvenu. Elle était cachée certainement dans l’un des recoins de ma mémoire, tout près du nom du professeur lui-même. J’ai moi-même confectionné un fil d’Ariane pour aider cette définition à retrouver son chemin.

Et pour cause, je venais d’échapper à un passage à tabac dont l’objet était justement la monnaie. On a tous connu ces jours, où au terme d’une journée pleine de courses interminables et de dépenses imprévues, il ne nous reste en poche que le juste montant pour nous acquitter du titre de transport.

Et bien, il s’agissait de l’une de ces journées-là. Au soir, en rentrant, j’avais déjà parcouru la moitié du chemin, et il ne me restait qu’un véhicule à emprunter pour me retrouver chez moi. En poche, il ne me restait que 300 FCFA. Il ne m’en fallait que 200 pour rentrer. Il n’y avait donc pas péril en la demeure.

J’emprunte le taxi et nous arrivons prestement au lieu où je descends. Je remets la pièce de 200FCFA, frappée par la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.) au chauffeur.

Il la prend, l’examine, puis me lance alors que je m’extirpe de son taxi :

« Mon frère, je peux pas prendre tes 200 là, c’est lisse…

Sentant que la discussion allait être longue, je me rassois dans la voiture, et  lui réponds :

  • Mon frère, on m’a donné, j’ai pris. Pourquoi toi, tu ne peux pas prendre ?
  • En tout cas, moi je peux pas prendre.
  • Si tu ne prends pas, il faut laisser, tu penses que c’est moi qui ai fabriqué les 200 là ? Je travaille pas à la BCEAO.

Je me mets alors à me plaindre de plus en plus fort.

  • Vous les chauffeurs, on ne sait même pas pour qui vous vous prenez, je te donne ton argent, tu refuses de prendre. Je n’ai plus rien à te donner. C’est toi qui va perdre dans tous les cas, Moi je suis déjà arrivé à destination. Au revoir !

Je sors de la voiture pour m’en aller quand le chauffeur sort à son tour.

 

À la vérité, c’est un véritable géant qui ne paraissait rien assis. Mais debout, il mesure bien le mètre quatre-vingt.

  • Tu vas où ? il ne faut pas m’énerver.

La silhouette imposante m’oblige à me figer.

Ce n’est que de l’intelligence. Ayant fait une rapide évaluation des forces en présence, je suis forcé d’admettre que ma silhouette replète ne fait pas le poids.

Je m’en tire en ajoutant l’unique pièce de cents francs à la pièce litigieuse de 200 Fcfa, et en suppliant le « Vieux père » d’accepter tout ce qu’il me reste dans les poches.

J’ai donc payé 300 FCFA pour une course qui n’en vaut que 200f. C’est alors que je me suis souvenu que Monsieur G… disait que la monnaie était « tout actif accepté par tous, sans condition pour toute transaction »

J’aurais pu l’expliquer à mon chauffeur d’un soir mais quelles étaient mes chances de le convaincre ?

Pourtant la BCEAO fait bien des campagnes publicitaires d’envergure pour annoncer de nouveaux billets de banque. On parle déjà d’un prochain billet de 50.000FCFA

Ces campagnes qui se déroulent dans chaque pays, et en langues locales ont montré leur efficacité.  Une telle campagne pourrait rassurer les usagers, et éviter à beaucoup d’autres personnes mon infortune de ce jour-là.

Je trouve qu’il est trop facile pour la BCEAO et l’ensemble des banques installées en Côte d’Ivoire d’assister à ce spectacle sans penser à y trouver une solution. Il existe désormais des billets et des pièces que les ivoiriens ont décidé de ne plus utiliser. De même, on ne trouve plus de monnaie tant et si bien que, même le péage du pont HKB refuse certaines coupures. Mais cela, nous en parlerons un autre jour.

Où diantre allons-nous si, même nos institutions financières ne peuvent nous garantir la sûreté de valeurs frappées par elles-mêmes ?


HUMAINE TRINITÉ

8 mars

A l’occasion de la journée internationale de la femme à célébrer ce 8 mars, un petit poème, ni professionnel, ni un chef-d’oeuvre littéraire. Juste quelques mots, pensés, exprimés…simplement. Pour ces êtres que Dieu a fait si mystérieux, et si faciles à aimer

 

Mère du monde

Jugée coupable pour une pomme,

Offerte, par amour, à l’Homme.

 

Ève, Mère de la vie,

Tu portes, hélas, tous les maux, Pandore,

Dans ton sein cousu de diamant et d’or.

 

Femme,

Ton  visage se ride en donnant l’amour,

Dans tes rides se lisent tes exploits.

Ta fureur se chante alentour,

Ta rage  garde les tiens de l’émoi.

 

Mère,

Tu te résous  à vivre sans honneur,

Pour, de tes fils, voir le bonheur ;

Ta pire crainte est  de les voir perdre espoir,

En ce monde trouble et drapé de noir.

 

Épouse,

Tu es le phare de ces mâles perdus,

En quête de la félicité défendue,

Dans des océans de mal et de  solitude ;

Essoufflés par tant de turpitudes.

 

Femme, Épouse, ou  Mère,

Le 8 mars, ta nature indicible,

Dans le monde entier tonne,

Confessant que rien n’est impossible,

À qui possède l’amour d’une de ces personnes.

 


Tout est calme, si je vous contais l’élection

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Abidjan, nous sommes le 29 octobre 2015, et je suis assis devant mon ordinateur, insomniaque, en train de saisir paisiblement quelques lettres, quelques mots épars, en tentant d’en faire de belles phrases. J’ai l’intention d’en faire sortir un billet pour mon blog. Cela fait en effet un bon moment que je n’ai rien posté, mais passons.

Il y a quelques mois justement, je m’interrogeais, et bien d’autres Ivoiriens avec moi, sur ce à quoi ressembleraient ce jour, et quelques autres qui l’ont précédé. J’avais peur et de gros sachets d’attiéké dans mon réfrigérateur témoigneront aisément de mes appréhensions. Il fallait faire quelques provisions ou cas où… Mon dernier billet publié invitait même timidement les politiques à ne pas embraser nos pensées. Le spectre de la guerre hantait les esprits.

Aujourd’hui, tout est calme.

La commission électorale a reçu trente-trois candidatures dont elle n’a validé que dix. La campagne électorale a fait couler beaucoup d’encre, de salive, et de données numériques. La Côte d’Ivoire possède une société civile très active et très forte… sur les réseaux sociaux. Les médias d’État ont servi au peuple les candidats. L’on serait tenté de dire que ce n’était pas un menu pour palais délicats. Une tranche du JT du soir, des capsules de diffusion de films de propagande préenregistrés, puis l’émission « face aux électeurs » qui donnait au candidat deux heures pour convaincre l’électorat.

Au menu, il y avait ceux qui avaient très tôt renoncé à la course. Ils étaient déjà contents de se voir figurer sur le bulletin de vote.

Il y avait ceux qui avaient jugé plus original de se porter candidat, puis de faire campagne pour le boycott.

Puis ceux qu’une prophétie divine avait convaincus de leur destin présidentiel.

Il y avait aussi ceux qui n’avaient aucun regret et qui le disaient sous un air d’Édith Piaf, il y avait de nouvelles « Simone de Beauvoir, des pseudo-féministes mal inspirées, qui ne voulaient gouverner que les femmes, et il y avait ceux qui avaient piqué à François Hollande son slogan de campagne sans lui verser de droits d’auteur. Il y avait encore ceux qui rêvaient d’un Etat fédéral et d’une monnaie « flottante ». Il y en avait également qui voulaient illuminer les affaires du pays par la clarté de leur teint, et enfin ceux qui voulaient faire de l’attiéké, le nouveau « pétrole » ivoirien.

Face à tous ceux-là, il y avait un président sortant entouré d’as de la communication et d’une coalition de partis politiques. Il avait eu le temps d’annoncer au peuple ses plans pour l’avenir à travers des visites d’Etat à quelques mois de l’élection.

L’élection, c’était hier, et aujourd’hui, tout est calme.

Les Ivoiriens sont, soit sortis voter, soit restés chez eux. Nul n’est sorti marcher, protester, et s’offrir en marionnettes aux hommes politiques. Il y avait pourtant les nostalgiques de la Côte d’Ivoire libre et souveraine. Ceux qui ont fait un doigt d’honneur aux grandes puissances, se reconnaissant en ces fils du pays aujourd’hui pensionnaires de Scheveningen. Ils restent  réfractaires à une réconciliation sans leurs mentors.

Il y avait également ceux qui voyaient tout en rose depuis que leur président était aux affaires et qui continuaient d’en vouloir à son prédécesseur de l’avoir si longtemps obligé à atermoyer son accession au pouvoir.

Et pourtant, aujourd’hui, tout est calme.

Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur dans la course à sa propre succession. Et tout est calme. Et ses adversaires l’ont félicité pour sa brillante victoire.

Et j’ai envie de dire avec beaucoup d’émotion et de joie que l’Ivoirien a grandi.

On peut combattre idéologiquement l’autre et ne pas être son ennemi : l’Ivoirien l’a compris.

On ne règle rien par la violence : l’Ivoirien l’a retenu.

L’Ivoirien est spécial.

Je pense que l’Ivoirien est désormais mature et, en pensant à ce mois d’octobre, à mon pays, à l’élection qui vient de se dérouler, j’ai aussi envie de dire avec Madame Piaf : «  Non… rien de rien… je ne regrette rien… »

 


Vous avez dit élections?

Vous avez dit élections ?

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L’année électorale en Côte d’ivoire, c’est celle-ci : 2015. Mais elle n’est que la prochaine, et non la dernière. Car élection signifie aussi tout simplement changement.

C’est l’occasion de mettre un terme à une époque, si l’on le souhaite ; ou de donner quitus au présent chef pour continuer l’œuvre entamée si tel est le souhait de la majorité de ses concitoyens.

C’est l’occasion soit de mettre fin au règne d’un éventuel satrape et à l’impunité des sicaires à sa solde. C’est l’occasion aussi de renouveler sa confiance à un chef qui aura su mériter la présomption portée sur lui d’être « le meilleur d’entre nous ».

Pour en revenir à la Côte d’Ivoire, il n’est un secret pour personne que quelques  ivoiriens restent encore affectés par ces innommables évènements d’il ya bientôt cinq ans et sont prêts à fuir Abidjan dès le début de la prochaine campagne électorale.

Une crainte légitime. Et personne ne semble avoir pour souci de la dissiper.

Depuis quelques mois, c’est un ballet affolant de nouvelles de scandales, de scoops, de prophéties macabres, de plaintes, d’annonces vengeresses, etc. On semble vouloir inviter la peur et la psychose intra muros.

Après un certain rapport confidentiel de la DGSE française, l’on a entendu parler de transition ; puis de nouveaux prophètes, comme en 2010, ont essayé de se faire de la publicité en jouant à la roulette russe avec notre futur.

« J’annonce un scénario des plus effarants et si la fortune me sourit, et qu’il se réalise, la célébrité s’ensuivra » semblent-ils se dire.

Depuis la fin de la guerre les journaux, eux n’ont jamais été si prompts à annoncer des nouvelles déstabilisantes : « Complot des dirigeants avec les chefs d’Ansar Dine, Transition imposée manu militari par la France, agression de microbes, attaques d’opposants en meetings, etc. »

J’ai bien peur que dans tout cela, l’on n’ait cure des citoyens, des civils dont on attend les votes de part et d’autre.

On ne travaille qu’à leur faire peur. Et à cette allure, tous dépeupleront Abidjan  et les villes bientôt, emportés par la psychose, la crainte de revivre le cauchemar de 2011.

Peut-être que si les uns et les autres déployaient leurs armadas respectives de médias pour rassurer  la population, elle sortirait volontiers exprimer son juste choix ; qu’elle voudrait bien désigner qui elle veut à sa tête.

Reste à savoir si cela reste le véritable souhait de tous…


Africains, grandissons un peu

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MIGRANTS : le mot s’est lentement et insidieusement glissé dans le cercle lexical des tragédies qui n’émeuvent plus. Il figure dans la rubrique « Afrique » aux côtés de  GUERRE, FAMINE, PAUVRETÉ, ÉLECTIONS VIOLENTES et bien d’autres mots-maux.

Lampedusa est devenue aussi célèbre que la Tour Eiffel ou Les Champs-Elysées dans l’esprit de nous autres africains. Certains rêvent d’y débarquer, d’autres y voient l’horreur de la mort qui s’empare impitoyablement des frêles embarcations des candidats à l’immigration. Parlons-en, de ces embarcations.

A boat full of migrants arrives at the Italian island of Lampedusa in April 2011

C’est carrément le traîneau du Père Noël au fond duquel se cacherait un Père Fouettard à l’humour douteux et sombre. Alors que les passagers y caressent déjà leur bonheur, leurs rêves de prospérité, d’un avenir meilleur, la mer vient leur arracher même ces rêves là. Et leur vie en sus.

On peut même déjà se réjouir de ce que le fait ait attiré le regard –  sinon les caméras –  du monde entier. Les grandes agences de presse internationales ont évoqué l’urgence de trouver une solution à ce nouveau fléau, (disons-le)pas si nouveau que cela. Les médias africains ont également relayé la nouvelle, qui n’avait pourtant rien de neuf non plus, surtout pour eux.

L’allégresse légitime que l’on devrait ressentir devant cette  » prise de conscience collective  » est toutefois entachée  d’une certaine déception en ce qui me concerne.

Car cette situation éveille en moi un sourire amer et me rappelle cette anecdote.

Récemment, lors d’une émission de la chaîne nationale de télévision RT1, le footballeur Didier Drogba , s’adressant aux DJ locaux, faiseurs de Coupé Décalé, abusivement appelés artistes, faisait cette recommandation : « Grandissez »

Il entendait leur conseiller de se défaire de cette puérilité maladive qu’ils traînent et qui les présente comme nostalgique d’une adolescence insouciante qui pourtant n’est plus.

Et puis j’ai également vu sur le petit écran d’une télévision, des européens – blancs – s’asseoir autour d’une table pour discuter du problème des migrants et tenter d’y trouver une solution. Leurs dirigeants ont fait des propositions afin de venir en aide aux migrants.

On s’attendait à ce que les dirigeants africains prennent ce problème à bras le corps … Que nenni !

Certainement ont-ils trop de maux, trop de fléaux auxquels faire face pour que cet insignifiant nouveau venu soit remarqué.

 

Je suis africain. Je me réclame intellectuel. Je les ai donc déjà  accusés, ces blancs de vouloir diriger le monde.  Je leur ai reproché d’ourdir des complots pour assurer et pérenniser leur suprématie sur le monde.

Mais aujourd’hui, j’ai aussi envie de dire : « Africains, grandissons un peu »

Ne laissons pas les autres régler nos problèmes. Ne restons pas des peuples adolescents, réclamant leur autonomie, et pourtant incapables de régler nos problèmes. Les dates des élections sont toujours incertaines chez nous. C’est encore chez nous qu’on félicite un président sortant pour avoir « légué pacifiquement» le pouvoir à son successeur choisi par les urnes. On pourrait juste décider ensemble de grandir, être responsables, être… adultes !

Crédit photo: https://boyzundgirlz.wordpress.com

https://www.theguardian.com


Citoyens de quel monde ?

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Citoyens de quel monde?

J’ai écrit récemment un bref billet aux allures de courrier destiné à m’expliquer sur les raisons pour lesquelles je souhaitais être compté parmi les « Charlie ».

Je pense que les personnes qui l’auront lu s’attendent – et je suis du même avis qu’elles – à me voir m’exprimer sur les récents morts du campus de Garissa. Au Kenya.

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Le prétexte-mobile et les bourreaux sont les mêmes : des barbus illuminés menant une guerre anachronique qu’ils qualifient de sainte se sont établis en défenseur de Dieu à travers un islam radical.

Résultat : 148 personnes, faites martyres de la connaissance et de la liberté. Leur massacre devrait être retenu par l’histoire comme un coup rude porté à plusieurs siècles de perfectionnement de l’humanité. C’est un déni de l’abandon volontaire, par l’humanité,  de la barbarie.

C’est un crime tout court et l’alignement d’épithètes, aussi nombreux soient-ils, ne réussirait ni à le faire paraître moins horrible, ni à le rendre plus acceptable.

Un pays privé de 148 cerveaux ; chèrement formés pour servir leur pays et 148 personnes arrachées à l’affection de leurs proches.

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Le monde devrait pleurer ce drame.

L’Afrique est endeuillée… Ou plutôt, elle devrait se sentir tout entière en deuil.

Hier déjà, mes frères africains, adeptes des finesses de l’esprit critique et observateurs aux regards aiguisés avaient décelé le « Complot ». 

Grâce à leur habilité singulière à raisonner et à défendre des causes, ils avaient décrié le mutisme des Européens autour des nombreux drames ayant quotidiennement lieu en Afrique. Ils avaient dénoncé l’excessif battage médiatique autour des attentats français pourtant si pauvres en victimes. Ils avaient brandi des chiffres records de personnes tuées dans les attaques de Boko Haram.

J’admets qu’ils ont bien fait de partager avec nous leur raisonnement. D’ailleurs, les récentes attaques au Kenya leur ont servi d’illustration.

Ils s’en sont pris à tous ceux qui avaient, avec empressement, changé d’identité pour devenir « Charlie » et qui, à leur goût, montraient moins d’enthousiasme et de promptitude à devenir « Kenya ».

Toutefois, si j’ai l(honneur d’être lu par vous, ô chères éminences grises, permettez-moi quelques interrogations en vue de mieux comprendre les faits.

Par quel média a-t-on appris partout dans le monde cette malheureuse prise d’otages qui s’est achevée dans ce si déplorable bain de sang ?

Quel média africain, des télévisions nationales aux privées, a dépêché sur les lieux des envoyés spéciaux pour se faire l’écho de ce drame alors qu’ils sont tous régulièrement représentés aux différentes éditions de la CAN ?

Enfin, n’est-ce pas quelque peu malsain d’avoir tout de suite cherché à comparer la mobilisation autour de Charlie Hebdo à celle autour des assassinats du Kenya?

Peut-être devrions-nous arrêter de voir toujours ailleurs nos ennemis et les responsables de nos maux.

Nous devrions être toujours en train de nous remettre en cause et ne point essayer d’imputer nos échecs et nos déboires aux autres. Qui d’autre que nous devait parler de ces évènements ?

Au-delà même de ce nous si africain, et pourtant si exclusif, nous devrions nous représenter comme citoyen de ce monde ci ; et non d’un autre qui est à venir ou à construire.

Car c’est chaque citoyen qui participe à la construction de son environnement, de sa cité. Si nous nous en excluons, nous ne devons pas être très étonnés de nous voir toujours oubliés et relégués au second plan.

Tant que nous refuserons de participer à la construction de ce monde-ci, cette civilisation n’aura de cesse de nous vomir.

Alors de quel monde serons-nous finalement les citoyens ?

 

Crédit photo:

www.digischool.fr

www.huffingtonpost.fr

www.charleswashoma.com


Quand la pouponnière sourit

 

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L’ONG « Action humaniste pour la Côte d’Ivoire » (AHCI) a offert le 28 mars dernier un lot important de dons en nature constitués de produits alimentaires, produits d’hygiène, etc., aux enfants de la pouponnière d’Adjamé. Comme pour souligner que ces petits humains sont une part de notre espèce, l’espèce humaine et que nous devons leur apporter notre assistance.

Ainsi, malgré nos origines modestes ou aisées, notre couleur de peau, le pays que nos habitons, la religion que nous nous sommes choisie, l’humanité reste notre espèce commune.

Il me plaît ces derniers jours, alors que les chrétiens catholiques du monde vivent le carême, de laisser voguer mes pensées vers cet idéal. Ces vendredis-ci, lorsque le soleil pointe ses dards tout droit au milieu de nos crânes, ces chrétiens se mêlent à leurs frères musulmans, pour aller investir les lieux de culte, en vue de participer au Chemin de Croix ou au djoumah hebdomadaire. Ces actes, bien que fort louables, d’adoration, se trouveraient certainement plus enrichis, s’ils s’accompagnaient d’une autre forme de piété : celle que l’on doit à notre prochain, tissé de la même chair et façonné à l’image du divin.

Car comme le soulignait lors de cette remise de dons, le Dr N’dri-Tehoua Pélagie, Coordinatrice générale adjointe de l’AHCI, ce sont « des actes de solidarité envers ces enfants qui, s’ils ne nous tendent la main, attendent que nous leur tendions les nôtres pour leur apporter un peu d’amour et de réconfort ».

Refuserons-nous de leur tendre la main tandis que nous les levons vers Dieu en signe d’adoration ?

En attendant, l’action de l’AHCI a permis, le temps d’un week-end, d’apporter un peu de gaieté à ces 67 enfants âgés de quelques mois à 13 ans.

Ils sont sans nul doute reconnaissants, ces enfants. Mais Dieu lui aussi saura gré à ces personnes, qui auront pris soin des plus faibles, des plus petits.

Au milieu des bruits du quotidien, des nouvelles bruyantes de guerres et de conflits, de la complainte des prières et supplications psalmodiées, le vagissement puéril d’un bébé est une merveille.

Puisse ces actes d’amour et de solidarité essaimer nos sociétés pour nous permettre d’espérer encore en l’Humanité

 


Pourquoi j’ai été Charlie?

Récemment, des vagues d’attentats ont lieu en Europe.

Plus tôt,  un drame – innommable –  est survenu en France. Au siège de Charlie Hebdo.

Internet et les réseaux sociaux se sont peuplés de « Charlie », nombreux, anonymes, et unanimes pour condamner cette barbarie.

Il s’est pourtant trouvé des personnes – au nom de la liberté d’expression- pour affirmer « Je ne suis pas Charlie » ou encore « Je suis les victimes de Boko Haram, Je suis les morts de Centrafrique, etc. »

Maintenant que quelques semaines l’ont recouvert de la brume du temps, daignons évoquer ce fait. Pourquoi j’ai été Charlie?

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Eh bien, Selon ces personnes, 12 morts n’auraient pas dû créer autant d’indignation alors que chaque jour des centaines et même des milliers d’autres périssent.

Ils ont raison : aucune mort n’est plus importante qu’une autre; aucune perte n’est plus affligeante qu’une autre.

Je partagerais d’ailleurs le même raisonnement si s’indigner pour 12 personnes signifiait qu’on en avait cure des autres. De plus, fallait-il attendre que la France lance le hashtag #jesuischarlie avant que ne surgissent de nulle part des formules semblables.

Les fiers Africains que nous revendiquons être ne pouvaient-ils pas plus tôt initier de telles formules et rallier le monde entier.

Aurait-on oublié le hashtag #BringbackOurGirls qui a été mondialement relayé sans que certains disent que ces filles l’avaient bien cherché, et qu’elles n’avaient pas à fréquenter des écoles proches des bivouacs d’Aboubakar Shekau et de ses hommes ?

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Je reconnais aux uns et aux autres le droit d’avoir une indignation sélective et de ne s’émouvoir de la mort d’innocents que quand ils sont nombreux, seulement je doute de la justesse et de la justice d’un tel raisonnement.

Cordialement,


Bonne année 2015

Je me souviens avoir, il y a quelques mois, commencé mon premier article sur ce blog par ces mêmes mots. »Ça paraît tout bizarre de consacrer le premier post de ce blog à un pays autre que le mien« 

Ils sonnaient à la fois comme un regret, et comme une obligation.

De ces deux réalités, aucune n’est jamais agréable à vivre ; ou plutôt aucune ne l’est la plupart du temps.

Car pour une fois, ces regrets, cette obligation ne m’ont fait que du bien. J’éprouve le regret de n’avoir beaucoup plus de lecteurs.

Ceci signifie qu’il faudrait que je publie plus régulièrement, et des articles de meilleure qualité. Quoi de plus bénéfique que cette remise en cause salvatrice ?

Je me sens donc dans l’obligation de m’améliorer et de m’intéresser beaucoup plus à ce blog que, chers lecteurs, vous affectionnez tant. (c’est ce que je m’efforce de croire en tout cas.)

J’ai choisi de souhaiter la bonne année à la fin du mois de janvier, histoire d’en connaître quelque peu la saveur avant d’en parler.

Pour ma part, ce mois de janvier nous a juste rappelé que la nouvelle année n’est pas tellement plus qu’une date nouvelle inscrite sur nos calendriers.

Nouvelles attaques de Boko haram, Nouvelles attaques de l’état islamique, élections en Grèce, élections contestées… encore en Afrique …, Attentats de Charlie Hebdo, coupe d’Afrique de Football. Tous ces évènements nous démontrent que le monde est resté le même.

Ceci, cette année, nous a été rappelé assez brutalement par une succession de drames et de sinistres à travers le monde dès le début de l’année. Certainement pour que nous nous y habituions et que nous continuions de travailler à l’améliorer sans nous abandonner totalement ni au fatalisme, ni à la providence.

Quelques mots postés sur une page virtuelle parmi des milliers d’autres pages pourront-ils y  changer quelque chose ?

Je m’en réjouirais.

Mais déjà, si vous êtes simplement un lecteur accidentel de ces mots, je souhaite que cet heureux accident se reproduise souvent dans votre vie, et que vos commentaires viennent participer à améliorer ce que vous y lirez.

Bonne année 2015


Vélo: engins passés de mode?

Chez nous, tous aspirent à s’acheter une voiture. Se montrer au volant de sa propre voiture est un signe extérieur de réussite. La voiture est devenue une nécessité au regard des grandes contrées urbaines dans lesquelles nous vivons. Des moyens de déplacement individuels l’ayant précédé, il ne reste rien… ou presque rien.  Dans nos villes, les voitures sont plus une mode, dans nos villages, ce sont les motos. Cela est bien récent dans nos usages. Autrefois, c’était une fière monture que nos parents enfourchaient pour les conduire et pour leur tenir compagnie sur les routes, au gré de leurs aventures et de leurs batailles quotidiennes. Il se tissait une relation de complicité et de mutuelle prévenance entre l’homme et sa monture. L’un nourrissait l’autre. L’un portait l’autre et ils s’assistaient. Le vélo a le mieux remplacé le cheval. Il semble aujourd’hui passé de mode ; mais nous ne prenons pas le soin de remarquer qu’il n’en est rien. Il n’est pas rare de retrouver sur nos pistes champêtres un homme marchant aux côtés de son vélo, noble destrier qu’il tient par le guidon tandis que sa charge de bois ou de vivres repose sur le dos de sa monture.

Nous restons attachés au vélo...
Nous restons attachés au vélo…

Le fier vélo continue d’accompagner les hommes dans leur conquête du beau genre. Il galope d’un village à l’autre sous les coups de pédale de son maître, transporté par l’amour qui brûle en son cœur. Il portera ensuite sa dulcinée pour éviter que son pied ne heurte une pierre.

Nous restons attachés au vélo...
Nous restons attachés au vélo…

En ville, les vélos n’ont pas disparu non plus. Ils sont certes rares dans les rues mais ont investi les appartements et les salles de sport pour prendre soin de la santé physique des hommes. Pour ce qui est de nos enfants, les vélos entretiennent encore leurs rêves et la plupart d’entre eux rêvent encore d’un vélo à Noël. Le vélo leur assure l’admiration de leurs petits amis et leurs premiers galops maladroits, sous les yeux envieux de leurs amis, fait leur fierté.

...Les enfants aussi
…Les enfants aussi

Même si les chevaux ont disparu pour n’intéresser que certains nostalgiques et des amateurs d’équitation. Le vélo  s’est quant à lui mué pour entrer encore plus dans les vies. Engins passé de mode ? Les vélos ne sont même pas des engins: ce sont des compagnons, des amis et ils restent comme tous les amis, éternels.