Africains, grandissons un peu

Article : Africains, grandissons un peu
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25 juin 2015

Africains, grandissons un peu

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MIGRANTS : le mot s’est lentement et insidieusement glissé dans le cercle lexical des tragédies qui n’émeuvent plus. Il figure dans la rubrique « Afrique » aux côtés de  GUERRE, FAMINE, PAUVRETÉ, ÉLECTIONS VIOLENTES et bien d’autres mots-maux.

Lampedusa est devenue aussi célèbre que la Tour Eiffel ou Les Champs-Elysées dans l’esprit de nous autres africains. Certains rêvent d’y débarquer, d’autres y voient l’horreur de la mort qui s’empare impitoyablement des frêles embarcations des candidats à l’immigration. Parlons-en, de ces embarcations.

A boat full of migrants arrives at the Italian island of Lampedusa in April 2011

C’est carrément le traîneau du Père Noël au fond duquel se cacherait un Père Fouettard à l’humour douteux et sombre. Alors que les passagers y caressent déjà leur bonheur, leurs rêves de prospérité, d’un avenir meilleur, la mer vient leur arracher même ces rêves là. Et leur vie en sus.

On peut même déjà se réjouir de ce que le fait ait attiré le regard –  sinon les caméras –  du monde entier. Les grandes agences de presse internationales ont évoqué l’urgence de trouver une solution à ce nouveau fléau, (disons-le)pas si nouveau que cela. Les médias africains ont également relayé la nouvelle, qui n’avait pourtant rien de neuf non plus, surtout pour eux.

L’allégresse légitime que l’on devrait ressentir devant cette  » prise de conscience collective  » est toutefois entachée  d’une certaine déception en ce qui me concerne.

Car cette situation éveille en moi un sourire amer et me rappelle cette anecdote.

Récemment, lors d’une émission de la chaîne nationale de télévision RT1, le footballeur Didier Drogba , s’adressant aux DJ locaux, faiseurs de Coupé Décalé, abusivement appelés artistes, faisait cette recommandation : « Grandissez »

Il entendait leur conseiller de se défaire de cette puérilité maladive qu’ils traînent et qui les présente comme nostalgique d’une adolescence insouciante qui pourtant n’est plus.

Et puis j’ai également vu sur le petit écran d’une télévision, des européens – blancs – s’asseoir autour d’une table pour discuter du problème des migrants et tenter d’y trouver une solution. Leurs dirigeants ont fait des propositions afin de venir en aide aux migrants.

On s’attendait à ce que les dirigeants africains prennent ce problème à bras le corps … Que nenni !

Certainement ont-ils trop de maux, trop de fléaux auxquels faire face pour que cet insignifiant nouveau venu soit remarqué.

 

Je suis africain. Je me réclame intellectuel. Je les ai donc déjà  accusés, ces blancs de vouloir diriger le monde.  Je leur ai reproché d’ourdir des complots pour assurer et pérenniser leur suprématie sur le monde.

Mais aujourd’hui, j’ai aussi envie de dire : « Africains, grandissons un peu »

Ne laissons pas les autres régler nos problèmes. Ne restons pas des peuples adolescents, réclamant leur autonomie, et pourtant incapables de régler nos problèmes. Les dates des élections sont toujours incertaines chez nous. C’est encore chez nous qu’on félicite un président sortant pour avoir « légué pacifiquement» le pouvoir à son successeur choisi par les urnes. On pourrait juste décider ensemble de grandir, être responsables, être… adultes !

Crédit photo: https://boyzundgirlz.wordpress.com

https://www.theguardian.com

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Commentaires

Serge
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Magnifique !!!

Aboudramane koné
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parfaitement d'accord avec toi. Du moins au aurait du voir tous les pseudo panafricaanistes se saisir de ce dossier.