Abidjan : Quand un magistrat se fait bagnard

29 décembre 2014

Abidjan : Quand un magistrat se fait bagnard

Malick Habib Fall, la victime 24 Décembre 2014. Abidjan. C’est le réveillon de Noël.

Depuis plusieurs semaines déjà, la fièvre des fêtes de fin d’année s’est emparée des abidjanais. Ils sont connus pour leur goût immodéré pour les festivités. En église, dans les maquis et bars, en famille à la maison, peu importe l’endroit où ils ont choisi de fêter l’anniversaire du petit Jésus, Tous sont en joie. La ville est pleine de monde, d’effluves de parfums divers et d’alcools. C’est en cette nuit toute cousue de joie que se produit le drame. On ne l’apprend qu’au matin sur les réseaux sociaux.

Malick Habib Fall a été tué durant la nuit par un magistrat, monsieur KOUASSI Placide dans la commune de CoCody dans le quartier jouxtant le Lycée Technique d’Abidjan.

Comment ? Que s’est-il passé ?

  Des versions de « témoins » nous racontent qu’il aurait fait feu sur tout un groupe de jeunes avec son fusil de calibre 12.

Motif ? Ils se seraient interposés dans une querelle entre deux de ses enfants. Les réseaux sociaux s’emballent. Et tandis que la nouvelle se répand comme une traînée de poudre,  ledit magistrat, lui,  prend la poudre d’escampette.

Les sites d’informations locaux et internationaux relatent le drame. Le Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur, Souleymane Jules Diop juge nécessaire de faire une déclaration pour préciser que la victime n’est pas sénégalaise.

Les évènements se succèdent ; la famille porte plainte, les jeunes habitant le quartier mettent le feu à un véhicule appartenant au « magistrat-cowboy », et une pétition est mise en ligne pour réclamer son arrestation. La télévision nationale en parle.

Le magistrat est mis aux arrêts. Il plaiderait la légitime défense.

Selon fratmat.info, entendu, il aurait déclaré que revenant de l’Eglise, il aurait trouvé certains membres de sa famille pris à parti par des jeunes, il serait rentré chez lui chercher son fusil. Après un tir de sommation, les jeunes se seraient mis à le poursuivre, c’est alors qu’il aurait fait feu.

Mais la pétition est toujours en ligne et compte déjà plus de 1500 signatures.  Les signataires  demandent qu’il soit jugé et incarcéré. Chaque soir en attendant, les amis et aussi des inconnus émus par cette tragédie allument des cierges sur le lieu du drame en la mémoire de Malick.

Pour Malick Fall
Chaque soir, des cierges sont allumés en sa mémoire.

Mais au delà des pleurs et de la tristesse, il faut noter la naissance progressive d’une réelle société civile en Côte d’ivoire.

Quelques mois après l’affaire Awa FADIGA, cette jeune fille morte après une agression faute de soins au CHU de Cocody, c’est une autre intervention des internautes qui pousse les dirigeants à agir. Dans le même temps une mobilisation des internautes a permis de retrouver un chauffard qui avait pris la fuite après avoir mortellement heurté des piétons.

Bravo aux internautes ivoiriens, et bravo aux dirigeants ivoiriens qui savent les écouter.

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