Ticket pour Lampedusa

Article : Ticket pour Lampedusa
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10 juin 2017

Ticket pour Lampedusa

Pendant longtemps, je n’avais rien écrit sur ce blog. L’une des raisons est que je pensais manquer de temps. Je l’ai pensé, je l’ai cru, jusqu’à ce que je vois à la télévision des centaines de jeunes gens, certains trop jeunes, d’autres, plus si jeunes, candidat à la traversée des eaux pour un hypothétique eldorado.

Ces jeunes, porteurs des écueils de tout notre système de républiques copiées sur l’occident, notre lot de civilisations à califourchon sur nos richesses africaines, mais pourtant la tête dans les nuages de l’occident. Cet occident qui nous embrume l’esprit et nous empêche de voir, dans l’ivresse de leurs vins capiteux, et dans l’éclat de leurs paillettes, la mort salée, que nous promet le voyage.

J’ai pour moi l’expérience d’un cousin mien. Mon cher cousin, qui se reconnaitra certainement dans ces lignes, fut candidat au périple libyen, puis candidat à la nouvelle odyssée, séduit par le chant des redoutables sirènes.

Mais je ne l’ai pas connu ainsi. Jeune homme plein d’ambition et de vie, je l’ai connu candidat à la vie. Je l’ai aussi connu candidat au baccalauréat ivoirien, qu’il réussit avec un certain brio. Je l’ai connu candidat à la vie estudiantine. Je l’ai aussi et surtout vu candidat à la réussite.

Mais face au cul-de-sac que semblait être l’Université, à la pauvreté ou le décès des géniteurs, aux responsabilités qui lui incombaient en tant que seul espoir d’une large fratrie, l’appel de la mer lui a paru plus mélodieux.

Nul, s’il n’est atteint de quelque pathologie, ne choisit délibérément la souffrance. Mais c’est bien souvent par ignorance que nos frères, nos sœurs, tentent l’expérience, ballotés entre les prières de leurs familles et les vagues assassines de l’océan.

Ce cousin, peut-être fictif, peut-être réel, tous nous le connaissons. Un frère, un ami, un cousin éloigné, fasciné par l’Europe, et ayant tenté l’expérience. Peut-être est-il mort, peut-être vit-il…

Au-delà des sensibilisations creuses, et des condamnations tardives, chers gouvernants, donnez aux jeunes Africains, l’ENVIE de rester.

J’ai écrit pour Lampé* et pour tous ces jeunes que l’on a dégoûté de la vie.

*Lampedusa

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