Les dangers insoupçonnés des pièces de monnaie « lisses »

Article : Les dangers insoupçonnés des pièces de monnaie « lisses »
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5 avril 2016

Les dangers insoupçonnés des pièces de monnaie « lisses »

imageIl y a quelques années, en cours d’économie – la matière était étudiée en option –  nous n’ accordions pas grande attention au professeur et à ses définitions.

En cours d’économie, dis-je, le professeur dont le nom s’est même égaré dans ma mémoire, demandait : « Qu’est-ce qu’une monnaie ? » la question m’a parue aussi inattendue que futile. Nous avons tenté tant bien que mal d’y répondre avant d’écouter distraitement la définition du professeur.

Mais il y a quelques jours, je m’en suis souvenu. Elle était cachée certainement dans l’un des recoins de ma mémoire, tout près du nom du professeur lui-même. J’ai moi-même confectionné un fil d’Ariane pour aider cette définition à retrouver son chemin.

Et pour cause, je venais d’échapper à un passage à tabac dont l’objet était justement la monnaie. On a tous connu ces jours, où au terme d’une journée pleine de courses interminables et de dépenses imprévues, il ne nous reste en poche que le juste montant pour nous acquitter du titre de transport.

Et bien, il s’agissait de l’une de ces journées-là. Au soir, en rentrant, j’avais déjà parcouru la moitié du chemin, et il ne me restait qu’un véhicule à emprunter pour me retrouver chez moi. En poche, il ne me restait que 300 FCFA. Il ne m’en fallait que 200 pour rentrer. Il n’y avait donc pas péril en la demeure.

J’emprunte le taxi et nous arrivons prestement au lieu où je descends. Je remets la pièce de 200FCFA, frappée par la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.) au chauffeur.

Il la prend, l’examine, puis me lance alors que je m’extirpe de son taxi :

« Mon frère, je peux pas prendre tes 200 là, c’est lisse…

Sentant que la discussion allait être longue, je me rassois dans la voiture, et  lui réponds :

  • Mon frère, on m’a donné, j’ai pris. Pourquoi toi, tu ne peux pas prendre ?
  • En tout cas, moi je peux pas prendre.
  • Si tu ne prends pas, il faut laisser, tu penses que c’est moi qui ai fabriqué les 200 là ? Je travaille pas à la BCEAO.

Je me mets alors à me plaindre de plus en plus fort.

  • Vous les chauffeurs, on ne sait même pas pour qui vous vous prenez, je te donne ton argent, tu refuses de prendre. Je n’ai plus rien à te donner. C’est toi qui va perdre dans tous les cas, Moi je suis déjà arrivé à destination. Au revoir !

Je sors de la voiture pour m’en aller quand le chauffeur sort à son tour.

 

À la vérité, c’est un véritable géant qui ne paraissait rien assis. Mais debout, il mesure bien le mètre quatre-vingt.

  • Tu vas où ? il ne faut pas m’énerver.

La silhouette imposante m’oblige à me figer.

Ce n’est que de l’intelligence. Ayant fait une rapide évaluation des forces en présence, je suis forcé d’admettre que ma silhouette replète ne fait pas le poids.

Je m’en tire en ajoutant l’unique pièce de cents francs à la pièce litigieuse de 200 Fcfa, et en suppliant le « Vieux père » d’accepter tout ce qu’il me reste dans les poches.

J’ai donc payé 300 FCFA pour une course qui n’en vaut que 200f. C’est alors que je me suis souvenu que Monsieur G… disait que la monnaie était « tout actif accepté par tous, sans condition pour toute transaction »

J’aurais pu l’expliquer à mon chauffeur d’un soir mais quelles étaient mes chances de le convaincre ?

Pourtant la BCEAO fait bien des campagnes publicitaires d’envergure pour annoncer de nouveaux billets de banque. On parle déjà d’un prochain billet de 50.000FCFA

Ces campagnes qui se déroulent dans chaque pays, et en langues locales ont montré leur efficacité.  Une telle campagne pourrait rassurer les usagers, et éviter à beaucoup d’autres personnes mon infortune de ce jour-là.

Je trouve qu’il est trop facile pour la BCEAO et l’ensemble des banques installées en Côte d’Ivoire d’assister à ce spectacle sans penser à y trouver une solution. Il existe désormais des billets et des pièces que les ivoiriens ont décidé de ne plus utiliser. De même, on ne trouve plus de monnaie tant et si bien que, même le péage du pont HKB refuse certaines coupures. Mais cela, nous en parlerons un autre jour.

Où diantre allons-nous si, même nos institutions financières ne peuvent nous garantir la sûreté de valeurs frappées par elles-mêmes ?

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