Astuce: comment utiliser un cadavre politique?
Ce titre pourrait choquer, pourrait fâcher même. Mais il y a peu, en écumant les publications récentes des mondoblogueurs, je suis tombé sur un article d’une amie camerounaise qui se plaignait de l’importance accordée aux obsèques futures de la mère de l’épouse de sa très haute excellence Paul Biya. Elle trouvait qu’on en parlait trop et que cela occultait malheureusement de plus grands problèmes nationaux.
À Abidjan, on n’a pas ce problème. On sait y faire avec les morts de ce genre.
Cas pratique:
Dans la soirée du 15 octobre dernier, la vénérable âme de la nonagénaire Gado Marguerite, génitrice de notre ex-président, son ex excellence Monsieur Laurent GBAGBO, s’envole vers le ciel. Les réseaux sociaux s’en emparent en premier et bientôt la nouvelle a fait le tour de la toile et du pays.
Mais au lieu d’occulter les problèmes du pays, cette mort ici n’a que faire resurgir les problèmes du pays. Nommons les, ces problèmes puiqu’il s’agit de tensions politiques, de ressentiments… L’opposition monte immédiatement au créneau et se désole de ce que la mère de Gbagbo ait été persécutée jusqu’à sa mort par le pouvoir; et que l’on refuse de livrer sa dépouille à la famille.
Le pouvoir en place, quant à lui, accuse ses adversaires de non assistance à personne en danger et impute la mort de la vieille et vénérable dame au refus de l’assistance médicale proposée à la famille pour le transfert de celle-ci dans son village.
Des deux côtés, nous n’avons que des victimes!
Les uns accusent les autres de persécution. Les autres accusent les uns de méchanceté et machiavélisme.
In fine, tout le monde y trouve son compte. C’est l’occasion de se faire de la pub gratuite. Accentuer le sentiment d’être persécuté chez les militants pour un groupe. Renforcer chez d’autres le sentiment d’être ceux qui ont raison afin de diaboliser l’adversaire.
Dans tous les cas, nul ne laissera passer cette occasion de marquer les esprits déjà disposés à croire béatement des militants. Que faire de la soi-disante sacralité de la mort? Rien à en battre! Pour le moment, il n’y a que la portée politique des actes et des évènements qui compte.
Assurément, en Côte d’Ivoire, nos hommes politiques savent parfaitement comment se servir d’un cadavre politique.
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